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Retour sur la mission au Liban de mars 2023

Chaque année le chargé de projet d’ADPM part dans un des trois pays où vivent les enfants qui reçoivent des aides de parrains. Il est alors question d’aller rencontrer les associations partenaires, celles qui servent d’intermédiaires avec les jeunes, ainsi que de rencontrer les parrainés eux-mêmes et leurs familles afin de s’assurer qu’ils ont bien accès à l’éducation et aux subsides des parrains.

 

Cette année, c’est au Liban que le chargé de projet s’est déplacé accompagné du volontaire que j’ai été durant 10 jours. Nous avons eu l’occasion d’en découvrir un peu plus sur la situation géopolitique et économique du pays, informations essentielles si on veut comprendre dans quel contexte évoluent les jeunes parrainés.

 

Sans trop entrer dans les détails, le pays est dans une terrible crise depuis quelques années. Début 2019, d’énormes manifestations ont eu lieu à Beyrouth, regroupant des citoyens de tous horizons qui demandaient que cesse la corruption endémique, les impôts incessants, la situation économique inégalitaire où 1% de la population captait 58% des richesses … Suite à ces manifestations, une crise durable s’installa, crise économique, politique et sociale, duquel le pays est encore loin d’être sorti. Depuis 2019, la monnaie a perdu 70% de sa valeur et continue de chuter, problème qui nous aura d’ailleurs impacté à plusieurs reprises, puisqu’à l’intérieur des camps, lorsque la monnaie se dévaluait subitement, des routes pouvaient se retrouver bloquées et des violences pouvaient éclater, ce qui nous obligeait à partir précipitamment.

 

Le pays était déjà dans une misère noire lorsque le 4 août 2020, la terrible explosion a lieu dans le port de Beyrouth, causant pertes humaines et dégâts matériels tout à fait terribles. Mais il est important de noter que les personnes que nous avons rencontré durant la mission, étaient d’un professionnalisme admirable et faisaient un travail considérable pour adoucir le quotidien de familles déjà très précarisées.

 

En effet, l’essentiel de nos journées se déroulait dans des camps de réfugiés palestiniens et syriens, puisque c’est dans ces camps que vivent les jeunes parrainés. Les camps sont des lieux qui ne sont pas très sécurisés, puisque chaque année des dizaines de morts sont à déplorer à cause du combo des câbles électriques et de la condensation sur les murs en hiver. Il y a aussi des bandes armées d’hommes palestiniens qui se battent afin de contrôler certains quartiers, ce qui rend certains camps particulièrement dangereux.

 

Nous avons été très surpris de voir à quel point l’association partenaire, la National Institution for Social Care and Vocational Training (NISCVT), était bien organisée et fournissait de l’aide d’une grande qualité aux jeunes. En effet, dans chaque camp de réfugié, la NISCVT a un centre qui permet aux jeunes enfants d’aller à l’école, de recevoir des soins dentaires, d’avoir accès à des psychologues, à de la thérapie musicale, à des activités sportives … Et c’est incroyablement utile et salvateur pour des jeunes qui sont souvent dans une précarité terrible. Sans cette association, beaucoup de jeunes n’auraient pas accès à l’éducation, à des activités, ou à un soutien psychologique par exemple. Et c’est en partie grâce à chaque parrain que cette association peut continuer de faire son travail parce qu’une petite partie de chaque parrainage revient à l’association qui peut ainsi fonctionner et remettre le reste de l’argent aux familles.

 

Nous avons aussi eu l’occasion de rencontrer chaque jeune qui est parrainé au Liban, et de nous rendre compte à quel point un parrainage fait la différence pour une famille dont le père est souvent décédé, ou dans laquelle les parents sont dans des états de santé qui ne leur permettent pas de travailler et donc d’assurer un revenu pour la famille. Il n’y a d’ailleurs pas de travail dans les camps de palestiniens, et les réfugiés n’ont pas le droit de travailler en dehors, donc ils n’ont bien souvent pas de quoi manger ou se vêtir dignement. Une assistante sociale nous expliquait que lorsqu’ils ont la chance de trouver un travail dans le camp, ce qui est rare, les travailleurs ne sont pas payés plus de 2€ par jour.

 

Nous voulions d’ailleurs insister sur le travail fabuleux qui est fourni par les travailleurs sociaux, qui sont d’ailleurs bien souvent des travailleuses sociales. En effet, la grande majorité des directeurs de centre dans les camps sont des directrices de centre, et le travail des femmes a une importance capitale pour le bon fonctionnement de ces institutions. Les familles sont souvent très reconnaissantes d’avoir un soutien financier de la part des parrains et marraines belges, et ils nous ont souvent fait savoir à quel point ce soutien était important pour que les enfants puissent vivre dans des conditions de vie décentes.

 

Cette mission aura été très utile, parce que lorsqu’on est à des milliers de kilomètre, les parrainés sont appréhendables par des photos au mieux, mais sont souvent juste des noms sur des papiers ou des lignes dans des fichiers Excel. Cette mission aura permis de mettre des visages sur des noms, et d’entendre les voix, les histoires, de ces garçons, ces filles, fabuleux de résilience, qui ont déjà vécu à 10 ans des épreuves que certains ne vivront pas en toute une vie.

 

Merci à toutes celles et ceux qui continuent de permettre chaque jour à ces familles d’élever leurs enfants dans la dignité, de d’offrir à ces jeunes d’apercevoir une vie plus douce que celle qu’ils ont aujourd’hui.  

Par Damien SCHOLLE,

Bénévole pour ADPM dans le cadre de la mission au Liban 2023 


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Commentaires: 1
  • #1

    Eppe (jeudi, 30 mars 2023 16:19)

    Bonjour,
    Je serais ravie de recevoir la lettre mensuel, car je parraine une petite fille Hala!