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“La souffrance palestinienne de Gaza au Liban” – L’UNRWA face à une crise humanitaire grandissante

“Les bombes continuent de tomber sur Gaza, mais l'impact dévastateur de cette catastrophe humanitaire se fait sentir bien au-delà de la bande assiégée. Au Liban,  la crise a ravivé d’anciens traumatismes et refait surgir de la peur auprès des plus de 220 000 réfugiés vivant des camps surpeuplés et manquant de ressources. Pour ces communautés, la guerre à Gaza n'est pas une tragédie lointaine, elle est personnelle. Ce traumatisme collectif est aggravé par un sentiment d'impuissance écrasant.

 

Les réfugiés palestiniens au Liban sont soumis à des sévères restrictions. Ils n'ont pas le droit d'exercer la majorité des professions, car on ne leur délivre pas de permis de travail et ils ne peuvent pas non plus posséder des biens. Ils sont confrontés à des obstacles considérables et leurs opportunités pour s’en sortir s’amenuisent constamment. Toutes ces restrictions les empêchent de soutenir leurs

proches à Gaza ou de revendiquer efficacement leurs droits, ce qui aggrave leurs angoisses ainsi que leurs sentiments de culpabilité et de frustration. À la suite de la destruction de Gaza, des manifestations ont éclaté dans tout Beyrouth et dans les camps de réfugiés. Les communautés protestent et crient, non seulement par solidarité avec Gaza, mais aussi par désespoir pour leur propre avenir.

 


La crainte d'une escalade régionale du conflit est réelle. De nombreux réfugiés  palestiniens craignent que leur pays d'accueil ne redevienne un champ de bataille, en particulier si le Hezbollah décide de passer à l’action ou bien que le conflit s'étende aux régions voisines. Pour des personnes déjà à bout, cette anxiété ajoute un fardeau supplémentaire. Le bilan psychologique de cette crise n'est qu'une des dimensions d'une situation d'urgence plus large et qui empire continuellement. Alors que l'aide et l'attention mondiale se tournent vers Gaza, le soutien aux réfugiés palestiniens au Liban faiblit.

 

L'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), est le principal organisme qui répond aux besoins d'éducation, de soins de santé et d'aide aux réfugiés palestiniens au Liban. Mais, l’UNRWA est sous-financé, débordé et de plus en plus attaqué sur le plan politique.  Les conséquences sont désastreuses. Les restrictions budgétaires impactent l'éducation, l’accès aux soins et aux services psychologiques et l'aide sociale.

A un moment où le taux de chômage dans les communautés palestiniennes au Liban atteint 85 % et où la pauvreté est estimée à 90 %, ces restrictions sont un poids de plus pour un peuple qui se noie. La situation est la même pour les Palestiniens en provenance de Syrie. Dans l’attente d’une stabilité dans la région et de directives internationales sur leur possible retour en Syrie, ils subissent la même situation de détresse que ceux en provenance de Palestine.

 


Beit Atfal Assumoud (BAS) est l'un des principaux acteurs dans les camps de réfugiés et fournit des services aux Palestiniens mais aussi à toutes personnes vulnérables par le biais de 13 centres à travers le Liban. BAS continue de fournir des services d’aide à ces communautés, allant de parrainages d'enfants, de sensibilisation aux soins de santé, d’aide psychologique, aux activités culturelles et à la formation professionnelle. Mais, les besoins dépassent largement les ressources disponibles. Beit Atfal Assumoud a du mal à répondre à la demande croissante de multiplication de ses programmes. L’organisme opère tant bien que mal dans un contexte d'effondrement économique, de diminutions des dons et de tensions sociales croissantes.

 

En outre, BAS est une organisation non gouvernementale strictement liée à l’action humanitaire et engagée en faveur de la dignité humaine, de la paix et de l'égalité. Nous nous opposons fermement à toute forme de discrimination, d'actes terroristes et de guerre. Notre travail est ancré dans les valeurs de non-violence, d'inclusion et de justice sociale, visant à renforcer les communautés marginalisées et à construire des ponts basés sur la compréhension et l'entente au-dessus des séparations et divisons. Pour en savoir plus sur le travail de BAS, n'hésitez pas à consulter ce lien :  

Pour les réfugiés palestiniens au Liban, la guerre à Gaza n'est pas un simple fait divers, elle fait partie d'une lutte permanente pour la dignité humaine, l'identité et le simple fait d'avoir un endroit sûr qu'on peut appeler chez-soi. Le monde ne peut se permettre d'ignorer leur détresse. Leur souffrance, comme celle des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie, exige une attention et une action internationales urgentes. Tant qu'une solution juste et durable n'aura pas été trouvée, la douleur des Palestiniens du monde entier restera une blessure collective, une blessure qui entache la conscience du monde."

 

Écrit par Kassem AINA, directeur général de la National Institution of Social Care & Vocational Training (NISCVT) au Liban

 

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