Avancement du système éducatif au Rwanda trois décennies après le génocide des Tutsis.
Au même titre que d’autres secteurs du développement national, le domaine de l’éducation a été fortement touché par les retombées du génocide perpétré contre les Tutsis en 1994. Néanmoins, à mesure que le pays s’est progressivement reconstruit dans tous les secteurs, celui de l’éducation s’est également rebâti, et nous constatons aujourd’hui des résultats positifs, alors que le pays commémore les trente ans de l’hécatombe de 1994. Du niveau de l’enseignement maternel à celui de l’enseignement supérieur, les changements sont significatifs tant sur le plan quantitatif que qualitatif, bien que des défis subsistent dans ce dernier aspect.
En ce qui concerne le droit à l’éducation, il est aujourd’hui établi que chaque enfant a droit à la scolarisation, alors qu’avant le génocide des Tutsis, ce droit était réservé aux seuls privilégiés en raison de leur appartenance ethnique, de leur origine régionale ou de leur catégorie socio-économique. Cette discrimination, désormais bannie du système éducatif, a permis aux fils et filles du pays d’accéder à l’éducation à tous les niveaux.
Un aspect important du développement du système éducatif rwandais après 1994.
Au cours des trente dernières années, le nombre d’élèves, d’enseignants et de salles de classe a sensiblement augmenté. Ce phénomène a eu un impact positif et significatif sur le nombre d’intellectuels rwandais, entraînant ainsi un développement socio-économique.
Avec la croissance démographique et les besoins du pays en matière de développement rapide et adapté sur le plan éducatif, l’enseignement technique et professionnel a été développé sans négliger les écoles d’enseignement classique.
Selon les chiffres du Ministère de l’Éducation, des changements visibles sont à noter. En 1994, on comptait 2 162 écoles primaires et secondaires. Aujourd’hui, ce chiffre avoisine les 5 000, incluant les écoles publiques, les écoles conventionnées et les écoles publiques subsidiées.
À l’époque du génocide des Tutsis, les écoles privées, primaires et secondaires confondues, étaient au nombre de 168. En 2021/2022, ce nombre était passé à 1 209. À travers le pays, en 1994, il y avait 1 882 écoles primaires avec 1 174 448 élèves et 19 906 enseignants. Les écoles secondaires, y compris les écoles techniques et professionnelles, étaient au nombre de 280, accueillant 36 815 élèves et employant 2 330 enseignants. En 2021, le nombre d’écoles secondaires avait grimpé à 2 377, accueillant 813 789 élèves et employant 29 619 enseignants. Ces chiffres continuent d’augmenter.
L’enseignement technique et professionnel a été renforcé dans le système éducatif rwandais, considérant son rôle crucial dans le développement de base du pays. En 1995/1996, il y avait 71 écoles professionnelles avec 8 736 élèves. En 2021, ce nombre était passé à 422 écoles accueillant 83 458 élèves. L’objectif du pays est d’atteindre 60 % de jeunes inscrits dans l’enseignement technique et professionnel d’ici 2030.
L’enseignement supérieur s’est également développé. Ce secteur avait été fortement affecté par le génocide des Tutsis en 1994. Dans le cadre de la relance nationale, il a été reconstruit. En 1994, l’Université nationale du Rwanda et d’autres instituts supérieurs publics et privés étaient au nombre de 7, avec 3 728 étudiants.
Aujourd’hui, on compte 39 institutions académiques avec 95 863 étudiants. Parallèlement, le nombre d’enseignants universitaires n’a cessé d’augmenter depuis 1994, certaines universités
internationales ayant ouvert leurs portes au Rwanda
Le système éducatif rwandais, autrefois marqué par des discriminations ethniques, régionales et socio-économiques, a été profondément transformé après 1994 sous le gouvernement de l'Unité Nationale. Sa priorité première était d'assurer un accès éducatif équitable pour tous les citoyens, sans distinction. Simultanément, l'instauration d'un enseignement de base sur des cycles de 9 à 12 ans a considérablement accru la fréquentation des écoles primaires et secondaires. Avec le soutien de la communauté, notamment à travers les travaux communautaires UMUGANDA, et l'aide d'autres partenaires, le gouvernement a pu augmenter le nombre de salles de classe à 76 000, contre 54 215 en 2017.
Ces mesures ont réduit de manière significative la taille des classes et raccourci les distances à parcourir par certains élèves pour se rendre à l'école, contribuant ainsi à une baisse du taux d'abandon scolaire. Ce phénomène a eu un impact positif et significatif sur le nombre d’intellectuels rwandais, entraînant ainsi un développement socio-économique.
De nouveaux programmes ont été mis en place dans le système éducatif rwandais.
L'enseignement préscolaire a été intensifié, et une attention particulière a été portée à l'éducation des filles pour améliorer leur accès à l'éducation après le génocide. Les jeunes filles, souvent reléguées en marge en raison de normes culturelles restrictives, ont désormais des chances accrues d'accéder à l'apprentissage.
D'autres initiatives comprennent l'intégration de la technologie dans les salles de classe, comme le programme "Un ordinateur portable par enfant" au niveau de l'école primaire. Le Programme de l'Alimentation Scolaire a également été mis en place pour lutter contre l'absentéisme et l'abandon scolaire, offrant un soulagement aux familles pauvres dont les enfants abandonnaient l'école en raison de la faim.
L'éducation inclusive a joué un rôle essentiel en assurant que tous les enfants, quelle que soit leur condition physique ou mentale, aient accès à l'éducation, éliminant ainsi les barrières qui existaient auparavant.
La valeur de l’enseignant a été relevée
Le gouvernement du Rwanda s'est engagé à rehausser la reconnaissance des enseignants dans le but d'améliorer la qualité de l'éducation. À cette fin, les salaires des enseignants ont été augmentés de 50 à 88 %.
De plus, il a intensifié les sessions de formation pour les enseignants et élargi l'accès à des diplômes avancés. Chaque année, environ 300 enseignants bénéficient de bourses pour accéder à des diplômes supérieurs. Actuellement, plus de 800 enseignants ont déjà profité de ce programme. Certains sont orientés vers l’Université du Rwanda, tandis que d’autres poursuivent leur formation dans des collèges d’enseignement spécialisé.
En outre, le gouvernement encourage les élèves qui choisissent l'enseignement secondaire en prenant en charge la moitié de leurs frais de scolarité.
Malgré les avancées significatives dans le domaine de l'éducation au cours des trois dernières décennies, il reste encore un long chemin à parcourir, surtout compte tenu de l'aspiration du Rwanda à placer l'éducation au cœur du "développement axé sur les connaissances".
Bien que de nombreuses réalisations aient été accomplies dans le domaine de l’éducation au cours des 30 dernières années, il reste encore du chemin à parcourir, surtout que le Rwanda aspire à faire de l’éducation la clé du "développement basé sur les connaissances".
Tout d’abord, il est essentiel d’améliorer la qualité de l’enseignement et de prévenir les absences et abandons scolaires, quelles qu'en soient les causes.
De plus, il est crucial que l’enseignement réponde aux besoins du marché de l’emploi et du développement intégral, afin de parvenir à une économie intermédiaire fondée sur la connaissance, conformément à la vision du pays.
Puisque toute éducation repose sur la culture comme pierre angulaire, il est essentiel que les valeurs de la culture rwandaise soient intégrées dans les écoles pour que l'évolution du système éducatif rwandais soit véritablement efficace.
Écrit par Nadine IGABIRE,
Chargée de mission à Kigali pour ADPM au sein du Collectif et Ligues de Défense des Droits de l'Homme au Rwanda (CLADHO)
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