L’année scolaire écoulée a été à la fois extraordinaire et éprouvante pour nos enfants vivant dans le camp palestinien au Liban. Malgré des conditions difficiles, ils ont fait preuve d’une force bien au-delà de leur âge. Leur résilience, leur rire au milieu des larmes et leur détermination à apprendre ont été une lumière pour tous ceux qui les entourent.
Les réussites
Nos élèves ont défié tous les obstacles et réalisé des progrès significatifs dans leurs études, excellant dans des matières comme les mathématiques, les langues et les sciences. Au-delà de l’apprentissage académique, le centre est devenu un espace sûr où les enfants ont découvert de nouveaux talents : peindre pour la première fois, participer à un match de basketball, monter sur scène pour réciter un poème avec des voix tremblantes mais fières, ou jouer de la musique pour transmettre des messages d’espoir au travers des airs et mélodies.
Ces petites victoires ont beaucoup de valeur : elles ont permis aux enfants de se sentir vus, aimés et valorisés.
Les défis
La vie dans le camp reste extrêmement difficile. Les classes surpeuplées, les ressources limitées et le coût élevé des fournitures scolaires pèsent lourdement sur les familles. Beaucoup d’enfants étudient dans de petites maisons bruyantes, composées d’une ou deux pièces seulement.
Ce qui a le plus marqué les enfants cette année, c’est la guerre à Gaza. Même à distance, ils ont ressenti chaque explosion et chaque cri relayé par les médias. Les enfants se rassemblaient devant les écrans, chuchotant sous le choc : « Ce sont des enfants comme nous… » Un jeune garçon a demandé à son professeur, les yeux écarquillés : « Pourquoi des enfants meurent-ils juste parce qu’ils sont palestiniens ? Cela nous arrivera-t-il aussi ? » Une autre fille, après avoir vu en silence l’image d’une école bombardée, a dit : « J’aimerais pouvoir jouer un jour sans entendre des bombes à la télévision. »
Ces moments ont montré à quel point la guerre affecte profondément les enfants. Beaucoup ont éprouvé peur, cauchemars et tristesse. Certains posent des questions auxquelles aucun adulte ne peut facilement répondre. La guerre n’a pas seulement détruit des maisons à Gaza : elle a blessé le cœur des enfants palestiniens partout.
Ajouté à cette peine, la guerre au Liban l’an dernier a représenté un autre défi majeur. Pour des enfants déjà plongés dans l’incertitude, les bruits de combats et de bombardements à proximité ont semé la peur au quotidien. Certains jours, les écoles ont dû fermer pour des raisons de sécurité, laissant les enfants anxieux et incertains quant à leur retour en classe. Les familles racontaient des nuits passées à rassurer leurs enfants qui sursautaient à chaque bruit. Un garçon a confié à son professeur : « Quand j’entends les bombes, je ne sais pas si elles sont proches ou loin. Je veux juste me cacher. » La constante tension ambiante rappelle aux enfants que leur vie peut basculer à tout moment.
Combiné à la crise économique libanaise et à la réduction des services humanitaires, cette année a été l’une des plus difficiles enregistrées. Pourtant, malgré la peur et la douleur, nos enfants n’ont jamais renoncé à leur rêve d’apprendre. Chaque livre ouvert et chaque leçon complétée est devenu un acte de résistance face au désespoir.
Les espoirs pour l'avenir
En regardant vers l’avenir, nous portons non seulement les cicatrices de l’année écoulée, mais aussi les graines d’espoir semées par le courage de nos enfants. Ils rêvent de salles de classe lumineuses, de cours de récréation remplis de rires et d’un monde où ils pourraient apprendre sans peur.
Notre ambition est de continuer à leur offrir des espaces sûrs où ils peuvent grandir, se reconstruire et croire en leur potentiel. Nous souhaitons renforcer nos programmes éducatifs, développer les activités créatives et nous assurer qu’aucun enfant ne se sente oublié.
Par-dessus tout, nous espérons qu’un jour nos enfants vivront en paix, dans un lieu où leurs livres ne seront plus jamais fermés par la guerre et où leurs chansons ne seront jamais réduites au silence par la peur. Jusqu’à ce jour, chaque pas qu’ils font dans leur éducation est une déclaration de vie, de résilience et de l’esprit indomptable des enfants palestiniens.
Centre Rashidieh
Article écrit par Mrs. Mariam Suleiman, membre de la National Institution of Social Care & Vocational Training (NISCVT) au Liban
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